Récit de l'apparition de la Vierge à PONTMAIN (abbé Le Dauphin)

Origine du culte de Notre-Dame d'Espérance:

Livret à imprimer pour déposer dans les églises

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« Ouvrez-vous à la prière afin que
 la prière soit un besoin pour vous.
»



"Je suis dans le
 Très Saint Rosaire"















Notre-Dame d'Espérance de Saint-Brieuc (3ème partie)

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3EME PARTIE:
Les trois guerres et les trois voeux

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Les trois guerres et les trois voeux

1870-1871

1870!

C’est la guerre, la chute d’un trône, les prodromes d’une révolution, l’angoisse dans les cœurs, la tristesse dans les âmes, la misère qui s’accroît au fur et à mesure que se développe l’offensive des armées prussiennes. Dans la boue et la neige, elles avancent et s’apprêtent à franchir les marches de Bretagne — le 17 janvier 1871 elles dominent Laval.

Déjà, depuis août, au sanctuaire de N.D.d’Espérance, les neuvaines se succédaient ; et, le 15 décembre, le chanoine Prud’homme dans un appel à l'Evêque disait :

— «Nous n’avons pu, Monseigneur, informer nos innombrables associés des prières extraordinaires faites ces temps derniers pour la France et l’Armée, l’Eglise et Pie IX, au centre de l’Archiconfrérie. Pour que la France entière pendant cette dernière semaine prie avec nous Notre—Dame d’Espérance, une invitation de votre part suffirait pour généraliser le mouvement et l’étendre à tous les fidèles. Le concert unanime de louanges et de supplications vers Celle que nous nommons si justement notre vie, notre douceur, notre espérance, hâterait le moment de la délivrance et du salut»

A cet appel, Mgr David ajouta, à l'adresse des évêque des diocèses non envahis:

— «...Notre ambition serait de nous sentir unis à vos prières, Monseigneur, et à celles de vos diocésains pendant les six derniers jours de la présente année et les trois premiers de l’année nouvelle. Cette union avec tant de nobles âmes nous serait douce et précieuse; il nous semble qu‘elle obtiendrait du cœur de Dieu ce que nos supplications isolées n’ont pu, jusqu’ici, obtenir. Chaque jour on réciterait l’AVE MARIS STELLA, suivi de l’invocation: NOTRE-DAME D'ESPÉRANCE, SAUVEZ LA FRANCE ET PRIEZ POUR NOUS! Dans le cours de la neuvaine on ferait une communion et une légère aumône pour nos pauvres soldats français prisonniers ou blessés.»

La situation s’aggravant au fil des heures, le 17 janvier, à 5 heures du soir, un groupe de dames, dont Mme Jeanne du Cleuziou, au nom des associés de l'Archiconfrérie, sonmettait à l’approbation et à la signature de Mgr David, un vœu promettant d’offrir un étendard qui ferait flotter dans les airs l’image de la Madone: «...afin d'obtenir l‘intervention de Notre-Dame d‘Espérance et le secours de sa protection contre les fiéaux qui nous menacent...». Peu avant 6 heures du soir, aux pieds de Notre-Dame d'Espérance, le voeu était prononcé.

A la même heure, au petit village de Pontrnain sur les confins du Maine et de la Bretagne, à quatre lieues de Fougères, quatre petits enfants, dont les frères Barbedette, qui, surpris par la nuit, se hâtaient de rentrer à la maison paternelle, furent saisis par l’apparition dans le ciel d’une vive clarté, en même temps que s’y dessinait l’image d’une belle Dame «avec une robe bleue toute couverte d’étoiles», diront unanimement les voyants, et tenant dans ses mains un crucifix rouge avec un écriteau blanc. Mais, était-ce une image? Non, c’était bien une Dame réelle. Elle était environnée d'étoiles et souriait, lorsque, à genoux, les enfants récitaient le Pater, l’Ave et le Chapelet des martyrs du Japon.



L’apparition se manifesta en plusieurs phases. Comme bien l’on pense, en quelques minutes, tout le voisinage se porta vers la grange au-dessus de laquelle s’acomplissaient ces prodiges. Mais, en dehors des enfants, même des plus petits portés sur les bras de leur mère, nul ne put contempler la vision.

Un peu plus tard, sur les côtés de la Dame, quatre flambeaux s’allumaient et, sous ses pieds, sur une banderolle blanche qui s’était déroulée, les enfants épelèrent au fur et à mesure qu’elles s’y inscrivaient ces lettres, puis ces mots:

MAIS PRIEZ MES ENFANTS DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS
MON FILS SE LAISSE TOUCHER.

Et lorsque sur l’invitation du curé, M.Guérin, les petits se prirent à chanter leur cantique, le cantique de Saint-Brieuc qui avait grande vogue dans le pays: 'Mère de l’Espérance dont le nom est si doux' La Dame, qui avait à ce moment les mains abaissées les plaça doucement à la hauteur des épaules et sembla, comme sur un invisible clavier, accompagner ces voix pures qui s’élevaient jusqu’à Elle, dans la nuit glacée.

A 9 heures du soir l’apparition s’évanouissait et la nuit reprenait possession du ciel.

Les événements de Pontmain et le vœu de Saint-Brieuc provoquèrent, partout où ils furent connus, une grande émotion. Ils furent abondamment commentés et causèrent d'autant plus de joie que le lendemain, 18 janvier, les Prussiens se repliaient sur Le Mans «comme poussés par une main invisible» dira plus tard leur chef., et, le 28 janvier, l’armistice était signé qui mettait fin à la guerre.

Au récit de ces faits, l’abbé Prud’homme ne put retenir ses larmes et s’en alla à Pontmain dès que possible recueillir de précieux renseignements sur l'apparition de Notre—Dame et son message. La lourde et riche bannière du vœu fut bénite, à la Cathédrale, le 15 août 1871.

Le R.P.Lemius, qui fut chapelain de N.D.de Pontmain, avant de devenir supérieur des chapelains du Sacré-Cœur de Montmartre, s’est plu à noter, avec les coincidences providentielles, les liens qui rattachent Saint-Brieuc à Pontmain:

C’est pendant le chant du Salve Regina, prière principale de l’Archiconfrérie, que la Vierge Marie termina l’inscription du salut: Mon Fils se laisse toucher.

Au chant du Cantique Mère de l’Espérance, Marie a pris la pose qu’Elle avait dans les airs, à Saint-Brieuc sur le haut du clocher et l’apparition s’est située à peu près à la même hauteur. Le crucifix rougi de sang avec un écriteau blanc, qu’elle tenait dans ses mains, était semblable au crucifix rouge avec un écriteau blanc, placé face à la chaire de la basilique briochine. Enfin c’est au moment où la chapelle se fermait à 9 heures du soir et où la prière cessait, que la Vierge s’arrachant à la tendresse des enfants, disparaissait dans le ciel.



Plaque à l'intérieur de la Basilique ND d'Espérance de st-Brieuc



1914-1918

1914

La tension internationale observée à la suite de l’assassinat d'un archiduc d’Autriche à Sarajevo, à fait peindre à l’horizon cet horrible fléau: la guerre. En vain les chancelleries tenteront-elles de négocier jusqu’à l’ultime limite de leurs forces.

Le 1er août, le tocsin s’égrenait des clochers de France! Le 2 août, la mobilisation générale en prévisions d’heures cruciales s'organisait ...mais déjà les troupes allemandes avaient franchi la frontière. Le 5 août, Mgr Morelle invitait son peuple à la prière et, dans la basilique N.D.d’Espérance, soldats, femmes et enfants se relayaient pour chercher l‘espoir et le réconfort.

Le 2 février 1915, à la basilique, en présence d'une foule considérable, l’Evêque donnait son vrai sens à la cérémonie qu’il présidait et qu’il avait provoquée.

— «...L’angoisse qui étreint vos âmes. le secours que vous venez chercher sous ces voûtes, l‘espérance que vous poursuivez, donnent à cette cérémônie une singulière éloquence.»

«L'angoisse qui étreint vos âmes, elle ne date pas d’aujourd’hui. Elle est vieille de plus de six mois et elle hante vos pensées et le jour et la nuit. C’est une angoisse commune à toutes nos âmes: la Patrie est envahie! Son sol sacré est foulé par des armées barbares, et votre âme en est déchirée et nos cœurs en sont troublés: c’est l‘angoisse patriotique commune à toutes les âmes françaises.

«Elle est bien longue, cette guerre, et humainemenl parlant, rien ne permet d'en prévoir le terme. Quels ravages elle causera encore; quelles ruines elle fera encore et surtout, quels flots de sang couleront encore?... Et alors vous vous êtes demandé s’il n’y avait pas quelque part, sinon sur la terre, au moins dans le ciel, une puissance miséricordieuse capable de hâter le terme de ce carnage. Et vous vous êtes souvenus d’une belle page de notre histoire briochîne. Je ne vous la raconterai pas; on vous la rappelait naguère ici même, et vous la connaissez mieux que moi. Il y a un quart de siècle, que, gravissant pour la première fois la colline où vous avez élevé cette basilique, cette histoire m’était racontée par un prêtre vénérable qui dirigeait mes premiers pas sur cette terre, qui devait devenir la patrie de mon adoption et de mes affections.

«La France a déjà vécu des heures douloureuses: elle a vu cette année qui a gardé dans l’histoire le nom d’«année terrible». Déjà les teutons se sont acheminés vers la Bretagne. Ils allaient en souiller le sol lorsque des femmes généreuses eurent la pensée de venir au pied de la Madone y faire une prière publique, un vœu solennel, pour déterminer une intervention en faveur du pays. Ce fut le 17 janvier, à cette heure, 6 heures du Soir. Or pendant qu’elles priaient ici, à la même heure, à Pontmain, la Vierge apparaissait et voici le message qu’elle apportait: «Priez, Dieu va bientôt vous exaucer: mon Fils se laisse toucher.» Et à la même heure, l’armée de l’envahisseur rebroussait chemin: la Bretagne était sauvée! Bientôt après, la guerre était terminée.

«C’est ce souvenir qui vous appelle ici ce soir. Vous avez médité de venir apporter à la Vierge de vos espérances le même hommage que vos ancêtres. J'ai voulu que ce projet fût longuement réfléchi, afin que vous ayez le sentiment plus profond de la nécessité d‘une intervention surnaturelle. Mais l’heure est venue. Dans un instant, agenouillés tous ensemble aux pieds de Notre-Dame, nous lui promettrons de lui être plus fidèles que jamais.»

Aussitôt après son discours, d’une voix forte et émue il prononça ce voeu:

«0 Notre—Dame d’Espérance, avocate et secours des chrétiens, vous qui, au 17 janvier 1871, nous avez une première fois délivrés de l’invasion prussienne, nous vous consacrons notre pays, notre armée, nos familles, nos personnes, notre avenir.
«Nous sollitons ardemment votre intervention toute puissante et votre miséricordieuse protection contre les fléaux qui nous menacent.
«Si la France est victorieuse de l'horrible guerre que nous subissons, nous promettons de contribuer, selon nos moyens:
«1- A un grand pélerinage d'actions de grâces qui aura lieu en votre honneur à Saint-Brieuc;
«2- Au don d'un ostensoir qui sera offert en ex-voto à votre Basilique et qui redira aux âges futurs que vous avez daigné exaucer notre confiante prière.
«Notre-Dame d'Espérance, Salut de la France, priez pour nous.»

Le 11 novembre 1918, la France et ses Alliés sortaient victorieux de l'épreuve: l'Armistice était signé. Le 8 septembre 1920, après un triduum d'actions de grâces prêché par l'abbé Schyrgens, chapelain de la Basilique du Sacré-Coeur de Bruxelles, réfugié à Notre-Dame d'Espérance au cours de l'occupation de son pays, en présence des délégations des paroisses du diocèse et d'une foule évaluée à 30000 pèlerins, Mgr Morelle réalisait sa promesse. A travers les rues pavoisées de la cité, la longue procession s'étira et la Madone apparut sur son large brancard capitonné des décorations offertes en ex-voto, suivie des prélats: dom Brieuc, abbé de Ty-Madeuc; dom Bernard, abbé de la Grande-Trappe : Mgr Morelle, évêque de Saint-Brieuc; Mgr André de la Villerabel, évêque d'Amiens; Mgr de Durfort, évêque de Poitiers; Mgr Le Roy, évêque d'Alinda, supérieur général des Pères du Saint-Esprit; Mgr Charost, coadjuteur du cardinal-archevêque de Rennes; Mgr Florent de la Villerabel, évêque d'Enos, auxiliaire de Tours.

La vaste place Saint-Michel se prêtait admirablement à cette fête grandiose. Sous le péristyle sobrement et artistiquement décoré, Mgr Florent de la Villerabel célébra la grand-messe et, à l'Evangile, Mgr l'Evêque d'Amiens rappela les circonstances du Voeu et chanta magnifiquement la gloire de Notre-Dame. A la fin de la cérémonie, Mgr l'Auxiliaire de Tours bénit l'ostensoir, véritable objet d'art où se mêlent l'or, l'ivoire, les émaux et toute la gamme des pierreries.

A l'Angélus de midi, la procession reprit sa marche vers la Basilique. Les vêpres de la Nativité furent chantées à la Cathédrale. Le soir, au sanctuaire de Notre-Dame d'Espérance, Mgr Morelle inaugura l'ostensoir du voeu contenant l'Hostie sainte, en l'élevant au-dessus des fronts prosternés de la foule reconnaissante.



1939-1945

Une paix fondée sur une forêt de baïonnettes ne peut être une vraie paix, aimait à dire le Pape Pie XI, de haute et vénérée mémoire. Dans un monde désaxé où les nationalismes arrogants se posèrent en négateurs du Message divin, porteur de paix au hommes de bonne volonté; où les dictateurs violentaient les consciences et assuraient leur prestige par la force brutale, l'équilibre devenait instable et la course aux armements aboutissait aux conflits. L'Allemagne nazie, vingt ans après Compiègne, provoqua une fois de plus la guerre.

Septembre 1939!
A son début, une «drôle de guerre», mais une guerre tout de même. Et, au bout de quelques mois, une guerre-éclair se terminant par les lamentables exodes de populations fuyant l'envahisseur, allant ne sachant où, au hasard, à travers les rafales de mitrailleuses et les bombes aériennes; une armée disloquée ou faite prisonnière, une grande terreur paralysant les efforts, annihilant les volontés, cependant qu'une voix, Outre-Mer, appelant le regroupement des énergies nationales, lançait le cri fameux: «La France a perdu une bataille, mais elle n'a pas perdu la guerre!»

En attendant l'ultime offensive des armes, c'est l'offensive spirituelle qui, quatre longues années, va se poursuivre à la Basilique briochine. Les prières n'avaient pas cessé depuis la mobilisation d'août 1939. Les chapelets se suivaient, dans la récitation publique, après les dernières messes du matin jusqu'à la réunion de chaque soir. Lorsque vint l'heure de l'humiliation et des craintes les plus justifiées, de nombreux fidèles réclamèrent une cérémonie solennelle pour demander sur la Ville et sur la France la protection efficace de Notre-Dame d'Espérance.

Et c'est pourquoi, le 20 juin 1940, S.E.Mgr Serrand, achevant sa tournée de Confirmation, vint en la Basilique Mariale, au milieu d'un grand concours de peuple. L'Evêque prit la parole et adjura l'assistance de ne pas se laisser abattre par les événements: «Notre confiance, nous l'avons placée et nous la plaçons en notre Mère.» Au nom de tous, l'Evêque de Saint-Brieuc promit, lorsque la paix serait rendue au monde déchiré, une Grande Procession d'Action de Grâces à la Mère d'Espérance.

Le 28 mars 1943 Mgr Serrand renouvela à la Basilique le voeu de juin 1940 et jusqu'à la victoire, le 4ème dimanche de chaque mois, malgré la présence des envahisseurs, le voeu sera répété. En mai 1944, au mois de Marie, l'affluence est considérable. On sent que les jours décisifs approchent. Mais où s'opérera la trouée libératrice? Le 31 mai, aux vêpres de la Fête, sont offerts à Notre-Dame d'Espérance des gerbes d'Ave qui groupent près d'un milliard d'Ave qui ont été récités par des milliers de chrétiens depuis le 17 janvier jusqu'au Pardon de Notre-Dame: sont représentés surtout les diocèses de l'Ouest, la Normandie, Cambrai, la Belgique et même les prisonniers en Allemagne.

Juin 1944 : c'est l'offensive en Normandie. Une neuvaine de supplication solennelle est organisée à partir du 16 juin. Chaque soir, le directeur de l'Archiconfrérie, l'abbé Prud'homme, puis MM.Coudray, du Cleuziou, Pincemin, Rebours, Robillard; le curé de Saint-Michel, M.Auffray; l'archiprêtre de la Cathédrale, M. Cherdel; l'évêque, Mgr Serrand, se relayent dans la chaire. Sous des formules variées, c'est à un grand acte de confiance dans la Vierge Marie qu'ils invitent leurs auditoires, en leur prodiguant des paroles de réconfort.

Le soir du 25 juin, le voeu solennel avec promesse d'un ex-voto, reliquaire de procession, est prononcé devant plus de 2.000 personnes.
Août 1944: les communiqués, qui peuvent être saisis sur des ondes capricieuses, annoncent la descente rapide des colonnes alliées auxquelles se sont joints les éléments des Forces Françaises Libres el des Forces Françaises de l'Intérieur. Les occupants ne songent plus qu'à leur départ. Le 4, de très bonne heure le matin, ils évacuent Saint-Brieuc, remorquant matériel et munitions. Cependant ils veulent laisser, ici et là, quelques témoignages de leur haine désormais impuissante. A 7 heures, au carrefour des rues d'Orléans et du 71ème R.I., ils font exploser un camion de munitions. Tout le quartier en est secoué et ses immeubles endommagés. La maison des Chapelains a ses fenêtres et ses portes arrachées, ses cloisons déplacées. A la Basilique, les dégâts sont encore plus graves: tous les vitraux, du côté midi, sont brisés et la grande verrière des Evangélistes est irréparable. Il n'y a pas de blessés; la Vierge a préservé les habitants de son quartier et pris à sa charge une grande part des dégâts matériels. Néanmoins, jusqu'en octobre 1945, la prière continuera, et le Directeur de l'Archiconfrérie s'attachera à panser les plus graves blessures du sanctuaire. Les Pardons de 1945, 1946 et 1947 ont retrouvé leur splendeur, et le 22 juin 1947 la ville de Saint-Brieuc offrait à sa Madone l'ex-voto de sa promesse: le reliquaire de bronze massif contenant, au centre d'un coeur flamboyant supporté par deux anges, une nouvelle parcelle du voile de la Vierge, détachée de l'insigne relique conservée à Chartres depuis des siècles et offerte par l'évêque, Mgr Harscouët. Le reliquaire est réalisé par les efforts conjugués de trois artistes: M.Daubé, dessinateur; M.Desury, orfèvre; M.Grange, professeur de sculpture à l'Ecole des Beaux-Arts, pour les statuettes en bronze. C'est pourquoi, dans la splendeur du soleil d'été, le peuple briochin était là, devant l'église Saint-Michel. Sur une tribune dominant l'assistance, Mgr Coupel, coadjuteur de Mgr Serrand, chanta la grand'messe pontificale, en même temps que se faisaient entendre les chorales de la ville. A l'Evangile; l'abbé Robillard s'adressa à son vaste auditoire. Sa parole, portée par les diffuseurs, chanta, avec les gloires de la Vierge Marie, la reconnaissance de tout un peuple, venu acquitter une dette sacrée et lui témoigner sa confiance. Il rappela les jours pleins d'espoir de 1939 et les jours d'angoisses et de souffrances de 1940. En même temps que passa sur le pays la force brutale qui veut tout écraser, de nos coeurs s'élève l'énergique volonté qui ne veut pas se soumettre à l'envahisseur et entend rassembler les énergies. Dans les tournées de Confirmation, la voix de l'Evêque se fait plus prenante lorsqu'elle rassemble ces énergies sur le plan spirituel el prêche la confiance totale en Marie.

Et aujourd'hui! Le peuple a senti passer ce souffle de la liberté, de l'égalité et de la fraternité: il veut les réaliser. Mais nous croyons que cette réalisation se fera seulement avec le Christ qui est venu les apporter au monde, et avec le secours de la Vierge... A la fin de la grand'messe, Mgr Serrand bénit le reliquaire; puis, à travers les rues de la ville, ce fut l'immense défilé processionnel d'un peuple qui clamait gravement son merci. Nul cuivre ne vint briser les voix; nul ne vint apporter la note sportive; ce fut la prière chantée tout au long du cortège en fin duquel dominaient les quatre veux: le navire ex-voto d'un équipage en perdition; la bannière du voeu du 17 janvier 1871, jour de l'apparition de Pontmain; l'ostensoir d'or du voeu de 1914-1918, enfin le reliquaire, voeu du 25 juin 1944.

Et, portée sur les rudes épaules des anciens soldats et prisonniers, suivis par M.Royer, le maire de la Libération, et plusieurs conseillers municipaux, la Vierge couronnée dans sa blancheur majestueuse. Sur la place Saint-Pierre, devant la basilique, l'abbé François Prud'homme fit chanter le Magnificat avant que la statue vénérée ne reprenne sa place dans son sanctuaire, parmi les buissons de fleurs et les gerbes de lumières entretenus par la piété populaire.


>>4EME PARTIE  Pèlerinages, Action Sociale